La Galerie Durst a demandé à chaque artiste de dévoiler un peu de sa créativité, sur le sujet de son choix, et par le médium de son choix.

Voici la page blanche de Laurent Karagueuzian :

Le laboratoire des non-figures

Dans le Maelström des couleurs, silences et tempêtes alternent leur mélodie.
Noyé dans un écheveau de lignes, le sens reste indéchiffrable.
Il faudrait apprendre à voir la nuit, avancer à tâtons, ne pas tomber,
marcher sous la résistance des courbes et la fierté des droites.
Quand l’horizon s’éloigne au rythme de folles enjambées :
Bottes secrètes, bottes de sept lieux. Lentes fulgurances.
Des petit(s-) gris gouachés dansent sur le fil d’une eau bleuâtre.
Les décisions s’enchaînent dans leurs cohérentes contradictions
quand les brumes matinales dissipent l’arrogance des contre-jours.
Dans le laboratoire des non-figures, murmure une étrange polyphonie .
Un bruissement de feuilles emporte tout sur son passage.
La chaleur des ocres brûle délicatement l’épiderme.
Des frissons emportent la peau des fleurs, fragrances subtiles, jusqu’au Cap de Bonne-Espérance.
Quelque part, plus loin, le livre-monde dévoile ses joyeuses tautologies.
Sous la lumière du nord, de jeunes hirondelles virevoltent au zénith. Liberté.