Artiste incontournable de la galerie, Catherine Cazau nous invite à découvrir l’univers enchanteur de son atelier. Niché au cœur de la Drôme, cette terre qui l’a vue naître et continue de nourrir son inspiration artistique. Tout comme la Drôme, son travail artistique est empreint de deux maîtres mots qui guident sa créativité : la matière et la couleur.

Bonjour Catherine, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Catherine Cazau, je vis et travaille dans la Drôme, à Châteaudouble, un petit village situé à 450 m au-dessus de Valence, les collines face à moi. Le dessin et la peinture se sont imposés à moi dès mon plus jeune âge. Je me revois, à neuf ans, en classe, dessiner sur mes buvards roses des visages de petites filles style bande dessinée. Ma première exposition eut lieu à l’âge de treize ans dans une salle vide de la gendarmerie de Dieulefit, village provençal de la Drôme où j’ai vécu 4 ans ! Et ma véritable exposition personnelle, eu lieu en 1990, à Crest dans la Drôme, à la grande et belle Galerie Espace Liberté. Depuis, j’expose à Paris, Nice, Antibes, Valence, en Suisse, en Suède… Pendant 32 ans, j’ai été institutrice à mi-temps et artiste à plein temps ! Avec une formation à l’ENSBA, école des Beaux-Arts de Valence en 1992 (la deuxième année du cursus), et de 1990 à 2005 j’y ai poursuivi l’enseignement en gravure.

Comment t’exprimes-tu en tant qu’artiste ?

Je m’exprime essentiellement de deux façons essentiellement. Par la GRAVURE, qui a été une révélation pour moi aux Beaux-Arts en 1990, le moment le plus fort de ma carrière puisque cette technique permet de créer des empreintes, ma passion ! J’ai également besoin de m’exprimer par la peinture en réalisant des toiles assez grandes ( de préférence ) et en utilisant la matière (poudre de marbre, sable, liants, peinture acrylique, craies…) que souvent j’aime graver ! (Retour à la gravure !)

Que cherches-tu à représenter dans tes œuvres ?

Je ne cherche pas à représenter quelque chose dans mes œuvres. Mon travail est abstrait. Certains y verront des espaces physiques : corps, mer, désert, montagne… moi, j’ai besoin de ne rien y voir. Je souhaite faire entrer l’autre dans mon espace de sensibilité. Ma démarche est proche de la poésie. Les visiteurs pourront regarder mes travaux comme s’ils lisaient un poème de Baudelaire ou de Charles Juliet. Regarder une de mes toiles, c’est juste être dans l’instant présent, c’est faire un voyage intérieur.

Peindre pour moi est une quête spirituelle, une recherche de l’absolu.

« …Son travail, tour à tour d’enfouissements et de résurgences se révèle en un palimpseste subtil, tout en filigrane… » Claire Gilson

 Duchamp, lui, disait « C’est le regardeur qui fait l’œuvre » !

Peux-tu décrire ton processus créatif ?

Je ne fais pas de croquis avant mes réalisations. Le travail se construit lentement, au fur et à mesure. Je commence souvent par un fond de matière. Je mets ma toile au sol, et l’enduis de colle, puis la saupoudre de sable ou poudre de marbre. Je grave ensuite des signes divers. Le travail sec, plusieurs couches de peinture acrylique sont étalées, puis lessivées. Je grave à nouveau des écrits, ou bribes d’écrits avec des craies grasses… Les mots sont écrits dans l’illisibilité, puis recouverts à nouveau de couches de peinture. Un long procédé, des palimpsestes. Je poursuis jusqu’à obtenir un équilibre qui me convienne.

Mes toiles deviennent ainsi tour à tour des murailles silencieuses, où la matière est griffée, incisée, ou bien des murs bavards recouverts de signes multiple. Concernant la gravure, je ne pratique pas une gravure académique. J’aime mêler gravure, peinture, signes et collages. Je limite les tirages en gravure, je fais le choix de la création et non de la reproductivité. L’estampe devient ainsi un champ des possibles enchanteur.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Je m’intéresse à des formes variées d’art, mais ma passion va à l’art abstrait. De nombreux courants d’art m’ont fascinés : le cubisme, le dadaïsme, l’expressionnisme, l’action painting, le mouvement informel, l’art minimal… Et parmi les peintres : Picasso, Miro, Klee, Tàpies, Hartung, Pollock, Fautrier, Dubuffet, De Kooning, Debré, Tal COAT, Schwitters, Soulages, Clavé, Twombly, Alechinsky… et beaucoup d’autres !

Les traces du quotidien m’inspirent aussi beaucoup ! On les trouve en forêt ou en ville, sur les arbres, sur les murs, sur le sol… C’est de la poésie pure, tout est là !