L’artiste Christina Daher nous accueille dans son atelier en région parisienne pour nous faire découvrir son univers artistique unique.

Christina Daher en pleine création dans son atelier.

Bonjour Christina, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis née et je travaille à Paris. J’ai grandi au cœur de la Vallée de Chevreuse, près des Vaux de Cernay, un endroit apprécié des pré-impressionnistes et connu pour ses cascades et rochers de grès.
Je suis diplômée de Penninghen et de l’école Boulle. J’ai travaillé pendant 16 ans en tant que directrice artistique dans le domaine du luxe et en tant que Designer. 

Comment l’art est-il entré dans votre vie ? 

Mon père a fait les beaux-arts. Il dessinait souvent à la maison. Je m’intéressais déjà petite à l’art. Adolescente, je passais beaucoup de mon temps libre à peindre dans ma chambre. Je n’allais pas toujours voir des expositions au musée car j’habitais à la campagne mais j’avais une collection de livres sur des peintres du XXe siècle. J’étais passionnée par les peintures de Paul Klee, de Kandinsky, de Nicolas de Staël… J’aimais ces moments où je peignais, j’aimais cette solitude. Je peignais beaucoup et cela raisonnait en moi, presque comme une obsession. Ma meilleure amie peignait également. On s’échangeait nos peintures et on exposait ensemble.

J’ai naturellement poursuivi mes études dans ce domaine et j’ai été diplômée de L’Esag Penninghen en 2004. J’ai, par passion pour l’image, travaillé pendant plus de 16 ans en tant que Directrice Artistique (graphiste-concepteur) pour de grandes marques de luxe. J’ai dans ce cadre été amenée à travailler sur des campagnes de publicité d’envergure, à être entourée et à devoir coordonner de nombreux talents issus de corps de métier variés (photographes, réalisateurs, set-designers, illustrateurs…). J’avais envie de créer du « beau », de partager des images qui fassent voyager et qui procurent des émotions. Malheureusement, avec l’avènement du tout-numérique, ce métier a pris un tournant qui ne me permettait plus de m’épanouir professionnellement. En parallèle, j’ai été diplômée de l’école Boulle et j’ai travaillé sur des projets d’aménagement intérieurs. 

Depuis quelques années, mon besoin de créer m’a poussée à renouer avec mes premières amours, celles de la peinture. 

Quelle artiste êtes-vous et quelle relation entretenez-vous avec la créativité ?

La créativité a toujours fait partie de ma vie et de mon parcours professionnel. Je peins pour voyager, pour oublier la ville, pour être transportée ailleurs, dans la nature, dans un environnement serein ou dans un imaginaire qui fait du bien. Le travail de l’eau ou celui du sable, bien que très différents, l’un et l’autre me procurent tous deux une sensation de calme, de paix, comme un moment où le temps est suspendu.

Comment définiriez-vous votre style, votre univers artistique ?

Je suis inspirée par la nature, et plus précisément par l’univers tel que la pierre, les fragments de roches, les formes organiques, des références aux éléments du monde qui nous entourent… C’est ce qui m’amène à le représenter sous toutes ses formes, en jouant avec les matières. J’utilise les encres colorées pour magnifier leur transparence, capter leur lumière et créer un certain mystère. Je joue le contraste avec un sujet synonyme de force et de rigidité, et une représentation légère, fluide et transparente…

Je recherche dans mes tableaux à partager des émotions. Il y a une recherche de l’équilibre par la forme, la couleur et la lumière. Ce sont des œuvres vivantes, qui laissent entrevoir de la lumière et qui vibrent avec l’eau. Ce sont des formes organiques très définies qui retiennent en elles des émotions, des vibrations aléatoires et des lumières qui sont immaîtrisables. Il faut laisser faire, accepter l’inconnu, être surpris. Je suis toujours à la recherche d’un équilibre minimaliste, mais puissant. 

Quelles sont vos inspirations ? 

Mes inspirations viennent essentiellement de la nature, des paysages de la Vallée de Chevreuse où j’ai grandi, de la Bretagne où je passe beaucoup de mon temps mais également de la vallée de la Qadisha, appelée la vallée sainte, un haut lieu du patrimoine naturel et spirituel libanais, avec ses paysages somptueux et ses rochers suspendus entre ciel et terre. J’ai toujours considéré que la voie qui mène à l’art passe par la nature et le respect que nous avons pour elle.

Bien qu’abstraites, mes toiles évoquent des paysages. Existants ou non. Une abstraction qui touche presque parfois à un univers figuratif. Mon travail bouleverse délibérément la distinction entre abstraction et figuration.

Les peintres qui m’inspirent sont Etel Adnan, Paul Klee, Nicolas de Staël, Anna Eva Bergman et Helen Frankenthaler.

Que diriez-vous à un artiste qui débute aujourd’hui ?

Je lui dirais de s’écouter, de laisser ses intuitions guider sa créativité. De ne pas avoir peur de ne pas plaire. De suivre ses envies.