Aude y affirme sa pratique de la céramique dans son propre atelier et confronte ses créations au regard du public ; le grès se révèle alors comme un médium de prédilection. Elle façonne ainsi à la main des familles de sculptures à l’esthétique minimaliste. Jouant avec les contrastes des teintes naturelles et la texture brute de la matière, ses œuvres se frôlent, dialoguent et se lient, et Aude fait de la mémoire et de la transmission — visible et invisible — les sujets essentiels de son travail. Nourrie par des femmes d’art telles que Yayoi Kusama et ses accumulations — « Ma vie est un pois perdu parmi des millions d’autres pois » — , ou Louise Bourgeois pour qui les thèmes de la maternité et de la féminité sont si chers, Aude Bray-Deperne puise également son inspiration dans les céramiques organiques de Valentine Schlegel tournées ou montées au colombin, dont les volumes révèlent eux-mêmes l’influence de Hans Arp et Henry Moore.

Elle façonne à la main des plaques de grès qu’elle met en regard et lie pour donner corps à ses sculptures. Elle instaure alors des dialogues silencieux entre les galbes et les creux de ses œuvres. Le grès — qu’il soit blanc, noir, gris ou rouge — est travaillé en monochrome dans sa teinte naturelle, sans émaux, pour conserver ses propriétés organiques.